Le Devoir : Droits et Démocratie: le Parlement doit intervenir rapidement

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Beaucoup a été écrit au sujet de Droits et Démocratie depuis le décès de son président, Rémy Beauregard, après une séance mouvementée du conseil d’administration le 7 janvier dernier. Jusqu’à maintenant, l’Alliance de la fonction publique du Canada, qui représente les employés de Droits et Démocratie, est peu intervenue sur la place publique dans ce dossier. Devant les récents développements, l’AFPC sent maintenant le besoin de faire le point publiquement. Les employés ont reçu ordre de ne pas intervenir publiquement sans avoir reçu le consentement du président intérimaire.

Droits et Démocratie est une institution créée par le Parlement, qui fait rapport au Parlement, et les membres de son conseil d’administration, ainsi que son président, sont nommés par le gouvernement fédéral. Dans cette optique, le fait que certains membres récemment nommés au conseil d’administration aient intimidé le personnel et critiqué sans retenue la réputation de partenaires internationaux devrait soulever des inquiétudes pour les Canadiens qui croient en l’équité, la bonne gouvernance et la responsabilité des gestionnaires mandatés par le gouvernement.

Allégations diffamatoires

En effet, le profilage religieux des employés de Droits et démocratie effectué par certains membres du conseil d’administration, l’intimidation des représentants syndicaux et l’embauche d’une entreprise «d’intelligence et d’enquête» qui offre des services d’«infiltration», des «technologies de surveillance» et des enquêtes concernant des problèmes comme «les tentatives de syndicalisation», sont inacceptables.

Les allégations diffamatoires contre plusieurs partenaires de Droits et Démocratie véhiculées par certains s’apparentent à une véritable campagne de dénigrement envers les organismes engagés dans la défense des droits de l’homme. Il en va de même des attaques contre M. Beauregard. Il est difficile de voir comment les intérêts de l’organisme Droits et Démocratie sont servis par ces propos. Il est difficile de voir comment les droits et la démocratie sont servis par ces décisions.

Ces décisions à caractère politique et idéologique ont des impacts majeurs sur le climat de travail à Droits et Démocratie et sur la réputation de l’organisme à l’étranger. Elles mettent en lumière des visées politiques et idéologiques qui doivent inquiéter les Canadiens et la communauté internationale. L’intégrité de toute organisation qui travaille sur la problématique des droits de la personne est basée sur son indépendance et son impartialité pour faire la promotion des droits de la personne. Le mandat de Droits et démocratie implique la liberté d’enquêter sur les violations des droits de la personne, peu importe où ils se produisent.

Le Parlement

Au cours de ses 21 ans d’histoire, Droits et Démocratie a acquis une réputation internationale pour son travail sur des questions comme les droits des femmes en Afghanistan, la violence sexuelle en République démocratique du Congo, le développement de la société civile en Haïti, la liberté d’expression en Birmanie et la lutte contre l’impunité au Zimbabwe. En avril dernier, Droits et Démocratie a voulu s’assurer que les réformes législatives sur la famille alors en cours en Afghanistan respectaient les droits et l’égalité des femmes. Le travail de Droits et Démocratie lui a valu des éloges internationaux. Par la suite, le ministère des Affaires étrangères a produit une excellente évaluation quinquennale de l’organisme — encore une preuve supplémentaire de la crédibilité, de la nécessité et l’efficacité de cette institution canadienne.

Puisque Droits et Démocratie relève du Parlement et non du gouvernement, il est essentiel que les membres du Parlement prennent leurs responsabilités et interviennent rapidement afin d’assurer que Droits et Démocratie puisse continuer de s’acquitter de son mandat avec toute l’autonomie nécessaire et de restaurer son impartialité et sa crédibilité sur la scène internationale. Il en va de la réputation internationale du Canada. Pour ce faire, il faudra plus qu’un nouveau président pour rétablir l’indépendance et la crédibilité de Droits et Démocratie.

Droits et Démocratie est un organisme public qui fournit un appui essentiel aux défenseurs des droits de l’homme dans de nombreux pays. Tous les Canadiens peuvent être fiers de cette organisation — leur organisation — et nous espérons qu’ils se joindront à l’AFPC et au mouvement grandissant pour sauvegarder leurs valeurs fondamentales.

John Gordon – Président national de l’Alliance de la fonction publique du Canada

Consultez l’article intégral paru dans l’édition du 23 février 2010 du Devoir.

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