Est-ce que le Québec est écoeuré des Syndicats? Réponse à Éric Duhaime

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Les unions, quossa donne?

Éric Grenier, Jobboomblog.com, 6 septembre 2011

Le titre de ce monologue anthologique d’Yvon Deschamps aurait pu tout aussi bien coiffer le sondage dont le collègue Duhaime fait part (Écoeuré des syndicats), dans sa chronique de ce matin au Journal de Québec. D’abord, pour ceux qui lui posaient la question dans la section commentaires de son blogue, le sondage vient d’une organisation du nom d’Infotravail. Comme ça se comprend, InfoTravail est une organisation patronale, dont la mission est de vendre le point de vue patronal aux travailleurs. Ce n’est pas écrit comme ça dans leur énoncé de mission, j’en conviens, mais bon, sous le principe que ça marche comme un canard, ça vole comme un canard, ça pond comme un canard, ça caquette «coin-coin» comme un canard, et ça vole comme un canard, c’est donc tout comme un canard.

Le sondage, maintenant (l’intégral en format pdf). Pour les résultats québécois, il faut les prendre avec une certaine pincette méthodologique. Avec seulement 250 répondants, ça nous donne une marge d’erreur élevée (6 %). Un bon sondage permet plutôt d’apprécier une marge d’erreur de moins de 3%. Les résultats nationaux s’approchent davantage de cet objectif.

Que nous dit-il quand même, ce sondage? Que les Canadiens sont écoeurés des syndicats? Encore plus les Québécois? Plus de la moitié des deux groupes croient encore les syndicats pertinents: 52% pour les Canadiens, et 51% pour les Québécois en particulier (avec toujours notre bémol méthodologique). La note monte à 68% chez les syndiqués, et descend à 44% chez les «jamais syndiqués».

Aussi, près de 55% des répondants (syndiqués comme non-syndiqués) affirment qu’un syndicat a un effet bénéfique sur une ambiance de travail innovatrice (qu’importe ce qu’une telle affirmation peut bien vouloir dire). Encore plus surprenant, la moitié croit qu’une présence syndicale permet même à une entreprise d’être plus compétitive.

La question à 800 millions de dollars: si on vous donnait le choix, seriez-vous syndiqué? Parmi les 1001 répondants, syndiqués comme non-syndiqués, 37% répondent oui. Une mauvaise nouvelle pour les syndicats? Pas du tout! Car, dans le sondage, il y a plus de gens qui expriment leur souhait d’être syndiqués (37%), qu’il y en qu’ils le sont pour vrai (32%). Cela est dû notamment au fait que 21% des travailleurs non syndiqués souhaitent le devenir. Alors, théoriquement, les syndicats n’ont pas encore fait le plein de membres. Du reste, ce serait une catastrophe s’il fallait qu’une majorité de travailleurs désire se syndiquer. Ça voudrait dire que le climat social canadien serait au bord de la guerre civile, ce qui constituerait une très mauvaise nouvelle. Heureusement, ce n’est pas le cas, et ce que nous apprenons par ce résultat, c’est que la majorité des travailleurs non syndiqués s’estime soit être justement traitée collectivement par leur employeur, soit être en mesure de se défendre seule si ce n’est pas le cas.

Par ailleurs, 63% des travailleurs syndiqués estiment que les cotisations versées à leur syndicat sont bien gérées.

Aussi, le sondage nous apprend que les travailleurs canadiens s’opposent très majoritairement aux contributions des syndicats aux partis politiques et aux campagnes publicitaires à l’encontre d’une formation politique. C’est au Québec que l’opposition est la plus élevée (à plus de 80%), et c’est bien naturel: c’est interdit par la loi depuis 1977! Quant à la participation au débat public par les syndicats, près de 60% des répondants s’y opposent. Cela dit, dans une société où la liberté d’expression a cours, c’est aux membres des organisations concernées de décider. À eux de faire valoir leur point de vue à l’intérieur de leur centrale syndicale. C’est ce que j’écrivais il y a un bout de temps.

La question que s’est évité de poser InfoTravail : êtes-vous favorable que votre employeur, ou son association patronale, contribue financièrement aux partis politiques et aux campagnes publicitaires à l’encontre d’un parti?

Consultez l’article dans son contexte original sur le site de jobboomblog.

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