La position de la FTQ lors des élections

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Lors du congrès extraordinaire de la FTQ, les membres du SÉtuE ont pris position contre la résolution proposée d’appuyer le PQ lors des élections provinciales. François Baillargeon était présent à titre de membre pour représenter le syndicat. Il livre ici ses commentaires, qui étaient également partagées par les membres du comité exécutif.

La FTQ et la campagne électorale québécoise : un rendez-vous manqué avec la cohérence politique

Durant la matinée du 3 mars 2007, les délégué-e-s des syndicats membres de la FTQ étaient convoqué-e-s au 7e Congrès extraordinaire de la FTQ. À l’ordre du jour, une seule proposition : l’appui de la centrale syndicale au Parti québécois à l’occasion des élections générales tout récemment déclenchées. Selon les statuts de la FTQ, seul un congrès peut prendre une telle décision. Une délégation du Sétue s’est donc jointe aux près de 1300 délégué-e-s réuni-e-s ce jour-là au Centre Sheraton de Montréal.

L’année 2007 marque par ailleurs le cinquantième anniversaire de notre centrale syndicale. C’est en effet en 1957, au plus chaud de la lutte contre le régime duplessiste, que la FUIQ et la FPTQ ont fusionné pour créer la FTQ, encore aujourd’hui la plus imposante centrale syndicale québécoise. Pour l’occasion, le congrès a débuté par le visionnement d’un court film commémoratif nous rappelant quelques moments bien choisis de l’histoire de la FTQ. Cette célébration de la contribution de la Fédération à l’avènement de la maturité de la société québécoise s’est avérée un préambule tout indiqué à la proposition qui devait suivre. Ainsi, des négociations dans le secteur public, on n’a retenu que l’affrontement épique du front commun de 1972 contre le Parti libéral de Bourassa ; on n’a pas cru bon de faire mention de la défaite cuisante du mouvement syndical aux mains du Parti québécois de René Lévesque au début des années 1980. Dans le même esprit, tout ce dont on se souvient du Sommet socio-économique de 1996 convoqué par le Parti québécois, c’est que la FTQ en a été un fier partenaire. Qu’il en soit sorti une formidable saignée des budgets des programmes sociaux, cela ne fait pas partie de l’histoire de la centrale.

Par la suite, le secrétaire général René Roy a lu au congrès un document de treize pages présentant les arguments menant à la proposition d’appui. Celle-ci se libellait comme suit :

* ATTENDU les attaques subies par nos membres et la population québécoise de la part du gouvernement Charest depuis 2003 ;
* ATTENDU que le programme et la feuille de route du Parti québécois répondent aux préoccupations exposées dans la plateforme électorale de la FTQ ;
* ATTENDU que le Parti québécois est le seul parti qui peut, de façon réaliste, battre le Parti libéral ;

QU’IL SOIT RÉSOLU QUE LA FTQ DONNE SON APPUI AU PARTI QUÉBÉCOIS LORS DE L’ÉLECTION DU 26 MARS 2007

Pour parer d’avance aux critiques, le document d’appui commence par affirmer l’entière autonomie politique de la FTQ. Nous voilà rassuré-e-s…

On apprend des choses surprenantes dans le document de présentation de la proposition. Bien entendu, quelques pages sont consacrées au bilan du gouvernement libéral qu’on qualifie, à juste titre, de désastreux. Ce qui fait davantage sourciller, ce sont des phrases comme celle-ci : « Le programme du Parti québécois est résolument social-démocrate » !?! Parle-t-on bien de ce Parti québécois qui est un chaud partisan des accords de libre-échange et de la mondialisation capitaliste ? Celui qui a fait du déficit zéro une obsession et qui a choisi un traitement de choc de coupes budgétaires pour y arriver ? Celui qui a pris l’habitude de convoquer ses « partenaires sociaux » à de grands exercices de concertations où on construit des consensus autour des priorités du patronat ? Celui qui pendant ses années de pouvoir a perpétué un scandaleux régime d’évasion fiscale et qui aujourd’hui propose d’abolir la taxe sur le capital ? Est-ce ce même Parti québécois qui a tenté de hausser les frais de scolarité en 1996 et qui dans les faits y est parvenu en laissant gonfler les frais afférents pendant près de dix ans ? Celui qui en 1999 a brisé la grève des infirmières ? Des partis sociaux-démocrates comme ceux-là, les travailleurs et les travailleuses peuvent bien s’en passer.

L’élément qui trahit la complaisance de la direction de la FTQ à l’égard du Parti québécois, c’est le procédé rhétorique qui traverse l’ensemble du document comme la proposition elle-même. Pour faire la promotion de la proposition d’appui au PQ, on compare un bilan – celui du PLQ – avec un programme électoral – celui du PQ. Autant comparer des pommes et des oranges. Dans ces conditions-là, c’est facile de se gargariser de déclarations de principes comme « Le Québec est et sera démocratique », « Le Québec est et sera solidaire » (cet amalgame du présent et du futur est-il un plaidoyer en faveur du statu quo ?) ou de se féliciter des promesses électorales dédiées à faire rentrer dans le rang les éléments populaires dans la « grande coalition » du PQ à la veille de la bataille électorale.

Le congrès lui-même fut à l’image du document. Une dizaine de délégué-e-s se levèrent pour voter contre la proposition (dont la délégation de l’UQAM constituait la majorité) ; environ 95 % de l’assemblée vota dans l’enthousiasme en faveur de la proposition.

Le Parti québécois a toujours été et est plus que jamais un parti patronal qui se fait une spécialité d’exercer une tutelle politique sur le mouvement ouvrier. Le congrès de la FTQ a perpétué cette tradition de collaboration de classe. Tant que le mouvement syndical n’assumera pas la tâche de promouvoir une véritable autonomie politique de la classe des travailleurs et des travailleuses, tant que les centrales syndicales ne feront pas systématiquement le bilan critique des politiques antisociales du Parti québécois, il ne faudra pas s’étonner que les travailleurs et les travailleuses en colère contre les partis dominants se laissent séduire par la démagogie populiste de l’ADQ.

Il faut cesser d’être « vigilants » et redevenir combatifs et combatives ; il faut cesser de chercher le moins pire des partis à appuyer lors des élections, ne plus laisser la question nationale servir d’ornières aux luttes politiques du mouvement ouvrier et passer à l’offensive contre tous les partis patronaux qui se succèdent au parlement. C’est la seule autonomie politique qui vaille pour le mouvement ouvrier.

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